Jeux de lumières sur toile
 
     
 
lumieres etranges
 
 

11 Janvier 2008

 

Jusqu’au 3 février, le Breton Jacques Ayel expose ses toiles sur les cimaises des Prémontrés. Le fruit d’un travail abstrait. Sur les traces de la lumière.

Dans les couloirs de l’abbaye des Prémontrés, Franck et Annie s’activent. Tout doit être fin prêt pour l’inauguration de l’exposition de Jacques Ayel. Souffrant, l’artiste n’a pu faire le déplacement en Lorraine. À ses amis donc de porter à bout de bras, la lourde responsabilité de l’accrochage.

« Car c’est une œuvre forte. Il faut faire attention à ne pas trop charger les pièces » reconnaît Sylvie Tridon. Pour la circonstance, elle a ressorti sa blouse blanche de travail. Celle des grands champs de bataille. Un accrochage en est un. Celui de Jacques Ayel particulièrement, tant son inspiration semble prolixe. Ses toiles ? Il y en a partout. « Tiens, je trouve que celle-la se marie bien avec l’autre » lâche Annie, virevoltant d’un tableau à un autre. « Pas question de se tromper ». Dans cet esprit, le moindre choix semble Cornélien. Accrocher pour un autre n’est pas facile » reconnaît encore Annie.

Jacques Ayel ? « Oh, je ne sais plus depuis quand je le connais. Seule certitude, je connaissais sa femme avant lui » confie l’amie de ce « Breton des terres ». Il réside à Rennes. C’est là qu’il a posé son trépied d’artiste. Un métier embrassé, après une kyrielle d’autres. Jacques Ayel est un touche-à-tout. Autrefois éducateur, il a également été ébéniste. Le déclencheur de son parcours artistique est une toile de petit format , dénommée « année zéro ». Toutes ont un nom. Qu’il faut aller dénicher au dos des toiles. Car au final, à chacun de voir ce qu’il veut.

« La peinture est son rêve. Après les beaux-arts, il a fait beaucoup de portraits et d’autoportraits. L’un d’eux sur Voltaire lui a même valu un prix. Son inspiration aujourd’hui a totalement changé ». Jacques Ayel a glissé vers l’abstrait. Telle une lancinante quête des lumières, il triture les matières pour en donner de multiples lectures. Ainsi parfois il utilise du sale, du brou de noix, ou de l’or dans ses toiles. Tantôt c’est carrément de la peinture fluo qui s’y cache. « C’est très étonnant. Car lorsque l’on passe devant une lumière noire, le tableau change du tout au tout » explique Sylvie Tridon, admiratrice de ce travail qu’elle compare volontiers à celui de Gérard Thon. Une inspiration voisine, mais une lecture toute différente sur le chemin de la lumière et des matières ; des formes et des couleurs. « En général, il commence à coucher les couleurs sur sa toile, puis la peinture naît dans sa tête, et il sait ensuite ou il veut aller » détaille Annie, plantée au milieu du « jeu de traces » du « totem » ou des « marche du temps ».


Quelques noms de toiles travaillées au pinceau ou la spatule. Tel un sculpteur de l’univers, Jacques Ayel livre sa vision du monde.

À voir aux horaires d’ouverture de l’abbaye des Prémontrés, jusqu’au 10 février


Emmanuel Vaccaro


11/01/08, « Est Républicain »


http://www.estrepublicain.fr/lorraine/meurthemoselle/pontamousson/p/art_664815.php